Dits du groupe. paris-cádiz

Dits du Groupe
J’ai vécu avec toi enfant, nous étions ensemble. Nous sommes ensemble ; le chien hurlait
dans le jardin où Grand-Mère avait des roses au printemps. Je coulais ces soleils avec toi etje me souviens des gris d’hiver qui sentaient la mousse.
Le soir, la nuit, la table comme un grand papillon, les chaînes rythmées d’échos à contre- Les souvenirs sont des rêves épars impossibles à communiquer.
Deux orchidées étranges et vénéneuses sous leurs paupières alanguies. Seules, trois taches plus claires donnent un sens à cette mince forme échouée dans une immensité muette etnoire : visage de fine cire blanche où survit au naufrage la courbe naïve des lèvres et le des-sin véhément des yeux bordés d’ombre. Il fait froid. On se trouve au bord de la mort.
C‘est grave, n’est-ce pas ? Assez grave enfin. Il faut suivre ces choses-là de près.
Vertu de la souffrance, du sacrifice ? Voilà bien des paroles du quartier Saint-Bruno des- tinées à ceux de Saint-Michel. On donne du pied contre le rebord.
*
Rêve de la petite fille à coiffure brune.
Ce serait comme une allée de neige entre les cerisiers, sous la lune.
Jeunes jouets soyez jaloux, car j’avais une nuit un enfant.
Je l’appelais Aubeline. Elle me racontait la vie des fleurs. Puis elle a disparu, brouillon rapide que toute une vie suffira à peine à élucider, éclaircir, ou au contraire tombant d’unlivre, à quelque temps de là et totalement incompréhensible.
Puisque tu n’as pu passer les barrières de verglas vers Paris, il nous faudra revenir à Verdelais, si cher à Nycéphore, dont la flèche de l’église me poursuit, cette ville verte avecdes coquelicots éparpillés en cercles au plein soleil où mon poids disparaissait peu à peu… Ville comme un livre dont la puissance se ramasse en deux pages. Le long de la route d’Olympie, on est toujours Olympio.
À Verdelais, au-dessus du pont, c’est le colibri. Cet arrêt trop long, de roses rouges, de volets rouges, de trèfle bleu. Les couleurs trop crues me taillent les lèvres ; on dirait de la C’est une bouche prolixe, c’est ma proie ; c’est ma transgression et ma gloire ; ma danse « Il lui a offert un bouquet de mimosas. Je les ai croisés à la Victoire. »Elle avait peur, si peur, hier ! Elle priait : “O Saint-Machin… sois avec moi !” dans cette ville trop calme, presque morte, les rues désertées. Nany lui a parlé de son projet de film,“Aube-Matière”. Il n’a pas pu aller à Paris ; il a passé la nuit du 1er de l’an en écoutantPachelbel, le dernier maillon de la chaîne de Gotha, à penser à elle. Il aurait préféré le “trem-blement” de Haydn auprès de la Croix, mais il ne l’avait pas. Elle lit peu. Elle est heureuse !Elle dit : « Je suis si heureuse en ce moment ! » Ils ont fait des repérages à Mériadeck, avec Lydou et Jean, pour le tournage de la Croisade des Enfants : où serait Étienne, et sa si jeune épousée, etc… À tourner dans les ruines pendant deux jours, et Aube finissait l’affiche du film pour Jean ; elle le faisait le soir et en plus elle s’occupait du script, filet qui tient les nervosités.
« Hier Nicolaï faisait des photos à Mériadeck, et Christian Dufond notait des croquis, pour un projet de livre qu’ils ont en commun.
— Moi j’ai vu Nicolaï et Nycéphore faire des photos tout en haut de Sainte-Croix, la semaine passée, avec Walter H. et “La Gargouille”.
— Justement ils jouaient aux gargouilles. Ils ont fait ça aussi à Saint-André en passant par les galeries interdites et se penchant dans le vide comme des acrobates de cirque, en sefaisant tenir les pieds. Oh ! la la, j’en étais malade ! — Christian Dufond est chez lui, à Mériadeck ; il connaît bien toutes les putes, les gars des puces, les brocs aussi, les boutiques. » Nous repassons tous les films pour classer les meilleurs plans. La caméra est encore à Le siècle à venir est de l’Œuvre Liquide, sans excuse ni fausse note.
Désordre organique des inattentifs. Je te laisse un petit mouchoir parfumé au muguet.
Emporte-le avec toi à Paris, à la Cerisaie. Il est trois heures de l’après-midi.
“Faute de marrons au cognac, elle mange des oranges, qu’elle pèle en longues fibres roses avec le coupe-papier qui sert uniquement à ouvrir tes lettres.” Je t’envoie une écorce. Ne perds pas le mouchoir porte-bonheur.
N’oublie pas d’acheter le matériel cinéma pour Jean et Lydou (là où le Petit Sucrier lave ses voitures au champagne !) Et n’oublie pas non plus de récupérer ma lettre chez Juliette,ainsi que mon mouchoir et les gants de rêve chez Simon.
Vendredi deux heures fabuleuses à parler avec J. C. Radio à la terrasse d’un café en face de l’ORTF du projet en cours de Moby Dick, dans un froid très vif. J. C., son sac à ses piedsd’où dépassent des poireaux et où l’on voit des piments à travers les mailles, sans avenirpublicitaire ni glacis de sauce. Plus tard la bâtisse éclate, à la limite d’une couronne de flo-raisons sauvages.
Nous avons viré toutes les affaires de l’ancien gardien-flic, avec Cohn et Michel du Maroy et nous nous sommes installés dans sa loge.
Il est heureux. Il va en gravure et nous regardons ensemble un livre de gravures, là-haut tandis qu’il neige doucement pour toute la journée.
Mado. La Robe Noire. Doublure.
Nany est dans le pigeonnier de gravure depuis sept heures. Tous ces temps-ci il s’y pré- cipite dès que le concierge ouvre la porte jusqu’à huit et neuf heures du soir. Il y passe untemps fou.
Je lui donne son minuscule magnéto avec la petite housse à pressions que je lui ai confec- Il va chercher du chauffage pour l’Atelier tandis que j’allume deux bougies. On vivrait en boules de neige si on pouvait, on se terrerait : à peine une fente au ras du sol.
L’après-midi il y a des crèpes en céramique.
La Bande à Jésus de Dijon s’est amusée toute la journéé avec Christiane Mathé, la schi- « Vous voyez, les voix, les voyages, la langue c’est ça ; on se parlera de loin les histoires.» Le jour des Cendres à trois heures, des concours sont organisés aux barrières.
On n’a conservé sur soi que les cendres après le feu des Grosses Têtes.
Nous restons ensuite un moment ensemble, dans le bar des Artaud.
Nicolas essaie de vendre de ses vieux livres magiques et ésotériques pour financer son séjour à Paris… et des tirages de Piranèse et de Gustave Doré volés à sa famille, à Libourne.
« Le vieux critique a traité ça d’amphigouri verbale. »Ils avaient tous des crécelles, des masques, des ballons musicaux ; ils ont lâché des tonnes de billes dans l’obscurité… tout le monde tombait ! Nany portait une soutane de curé et depetites lunettes rondes. Dans le chahut il y a eu des insultes et de la bagarre ! Quand touts’est rallumé, ils ont distribué une carte de visite : Ils sont interdits d’exposition l’an prochain. La Directrice de la Galerie ne veut plus de ces anarchistes. Il y a eu une enquête à l’École. Désormais y’a un nouveau CAFAS : soit undossier dans l’atelier choisi, soit un dossier traditionnel avec des études, croquis d’antiques Jean n’a pas filmé le scandale ; il était pourtant venu avec sa caméra.
Le lendemain nous allons directement tourner sous le pont du Bouscat. Il ne fait pas beau. Puis nous allons tourner sur les quais et ensuite à Floirac.
“Après un film on secoue l’arbre.” Aussitôt Aube voit cela : il a oublié l’essentiel : la maquette du décor faite en marquette- rie ainsi qu’une série de photos des autres décors et les photos de la mise en scène scanda-leuse du vernissage : l’énorme sexe postiche, etc… Dix minutes après, Safranic et Galessi, les deux “bûcherons” du King, viennent à peine Nous travaillons toujours aux décors de théatre, “ce mal rouge et or”. À l’Académie la commission paritaire de ce soir n’aura pas lieu ; il y a réunion d’élèves à 3h, mais nous n’yallons pas ; nous continuons à travailler sur les maquettes toute la nuit et tout le lendemain.
Et particulièrement une femme !… Pendant ce temps Nycéphore et Nathalie ont transporté des planches dans l’atelier rue Sauvage pour construire des “machines infernales avec le temps comme pliure”. (C’est deCocteau ?) Nicolaï est allé faire des photos. On le retrouve à l’Atelier Pasteur.
Nany ramène un livre de costumes de chez P. dont une série de clichés de Nijinsky. Je lui montre ma maquette qu’il trouve affreuse… Cela le décourage et il n’a même pas envie departir. Puis nous refaisons tout ; Nany s’occupe des croquis de costumes. Enfin il pleurecontre moi à l’idée de nous séparer, même si peu longtemps.
“C’est cet endroit-ci que je désire et non cet absolu-là.” Nycéphore me parle de cette histoire de l’enfant parti essayer son bateau offert le jour de Noël, à Bourran, que tout le monde appelait à travers le parc et qui s’était noyé dans le bief.
“Aube, me dit Jean, j’aime beaucoup ce film où le héros prête son pyjama pour la nuit à la jeune fille et le son de la trompette de Jéricho qui fait tomber le mur de la couverture,offrant ainsi le corps nu à la lune.
Et cet autre où même la clochette d’une caisse enregistreuse fait jaillir et claquer les ailes Je voudrais réaliser des films d’un tel bonheur.” J’ai appris que tu étais parti au Maroc en compagnie de Thérèse, celle qui seulement rit quand je la baise. Avec ton ventre et ta trogne, comme ça, elle pourra sepréparer à Pagnol. Ça doit être beau, de la bourrer dans la crique fraîche de Malabata, mêmesi à toi elle préfère tous les chameaux, montagnes parmi les fraises. En tout cas sache que tues dégagé de ta promesse par rapport à l’Oncle de Buenos-Aires, car Nany préfère faire uncrochet là-bas lui-même pour installer les émetteurs que de compter sur toi.
J’ai aperçu l’autre gousse qui imite Vauthier, mais qui n’est que son chien, à l’Intendance.
Il sirotait du Péret ; il m’a confirmé que tu ne rentrerais qu’en septembre, ou jamais (tantmieux !) On est vraiment tous très contents que tu aies démissionné du “Styx”.
J’ai acheté un nouveau magnétophone sur les recommandantions de Nany et de J. C.
Radio, plus grand que le premier, qui était plus petit. Je suppose que cela t’intéresse. Lui estintéressant surtout du côté des bobines.
Tu me connais : l’inachèvement sera notre clôture. On n’ira pas au-delà. On peut le bran- cher indifféremment sur secteur ou sur piles. C’est l’autre con de Alain B. qui me l’a vendu.
Il a les mêmes initiales que toi. Le tout avec transfo.
Ma correspondance est toujours aussi abondante et mon désir frénétique de remettre les pieds à l’Ouest. Ce n’est pas grâce à mon nouveau magnétophone, que je t’écris. Je suis tou-jours aussi maigre ; j’espère que ta sueur est proportionnelle à ta graisse de cachalot et queThérèse a appris à nager avant que tu la niques, sinon elle est déja noyée.
C’est dommage que Thérèse ne revienne pas sans toi, car mon désir d’y remettre ma pine dedans est encore plus frénétique que celui de l’Ouest. Toujours plus à l’Ouest ! Elle estdrôlement fine, et tu as toujours eu l’air vieux. Tu l’es ! Et si laid ! J’aimerais aussi foutre le bordel dans tout l’Ouest. Est-ce que tu comptes te faire encu- ler, au Maroc. Dis-moi quel goût ça a.
Il paraît que ta place de président de l’association des nougatiers à la Foire risque d’être bradée en ton absence. Défie-toi des humanistes ! J’espère que la négresse brûlée de sainteté au retour sera aussi négentropique que la blanche notée dans l’allée. Ma nouvelle manie est de boire un litre de whisky par jour avantd’aller voir les putes, et le jour où j’aurai terminé ce fameux bouquin, tu en baveras tandisque Thérèse en dancera ; c’est photographié mieux que des gravures d’organdi ; ce sont “LesVisions Cosmiques de Meriadeck” ; ça accompagne des mouvements brusques, des intru-sions.
C’est plein de lacs glacés, de neige, de crêtes cristallines et de cataractes qui renvoient des reflets de sabres, de longues plaines rasées pour le Soleil, de duvets tendres et de pertes deshorizons de l’infini à l’infini, signant ses huits et ses lacets futurs (tu aimes, ça, malgré tamaladie structurale ?). Il y a aussi des dessins de Dufond, pornos.
Sainte Thérèse enfoncée au retour ; pulpeuse rose sucée à l’aller. L’énorme étron posé au sommet de la tour la plus ronde du château, il est pour toi ; mange-le, cher Ballot. Si jem’entraîne à boire autant, c’est pour pouvoir te vomir dessus dès que tu débarques ! Robert enfile régulièrement sa petite bite rose et pelée dans Pedro, du côté de San- Sebastián, tout en baffrant des cochinillos, ce qui est logique en parlant la langue des puer-cos de Guipúzcoa. Ils sont aussi d’avis de te virer comme une chiure de mouche sur le tubecathodique ; ils ont trouvé à fabriquer un nougat en forme et couleur de cagueminettes etde tricandilles.
J’ai vu ce monde en un jour, tu le sais, et je l’ai aussi rapidement exécré, en un mot. De la lande, et du bête ! Et ces cons-là aspirent à notre pain-caoutchouc. Va, viens les rejoindre,pendant que j’enfilerai Thérèse au galop, du temps que tu s’ras militaire, l’an prochain et dessiècles encor, révolutions agrégatives des rats de bibliothèques, avec mes petites couillesrablées, et les mille piqûres de mes questions de bras noués, autour de sa taille d’Ortefeu,Nomgudieu ! Le tout sans transfo.
Les landes, je te disais. J’ai vu Bussac, Le Bois-Noir, Pierre-Noire, la masse involontaire des photos que j’y ai prises, d’un côté (comme des boutons sans raison sur le corps), et del’autre la blancheur poivrée du sable qui contient la vérité, la poudre évocatrice des scieries,les immenses carrefours aux déserts d’incestes et de pins seuls (peu de chênes, et petits) oùne vient jamais personne, avec les ajoncs, les fougères, la certitude de porcelaine des nuagesblancs au-dessus, et le tout intraduisible, impossible à verser, sans translation, l’impossibili-té de passer d’une rondeur de sphère à l’autre.
Pour le trousseau de ses bois, quel est le dieu quelconque, qui, ravissant des poses hin- doues devenues caduques, bandant sous le soleil et défait de sueur, décomposé, secoue sescasseroles pour attirer l’attention.
Pas de cinéma dans ces endroits-là. Aucune attraction. Et cependant mon roman-photo n’a pour but que de faire savoir cette effrayante solitude. Imagine la constance de ces après-midi ! Crachats aux éternels suceurs de palmes exotiques. Il me faudra un frère, sûrement,qui ait vécu aussi l’attraction forcenée de ces immenses sacrifices, pour pouvoir lire cela.
Comme ce doit être rare ! Et précieux, une telle amitié non soutenue de fantaisie, dans lerisque de se retourner complètement dans l’autre, passant ainsi infailliblement au réel.
Il y a eu une messe d’abord, récurée, dépourvue de toute filasse, en l’honneur d’une morte et dédiée à une vivante, puis une pièce “beatnick” tartinée de parapsychologie où un dénom-mé Castagne, lutteur, prêtait 5 billets à un nègre et comptait les revoir ! Va, va ! Je vais cesser là, sinon je sors de ma carrière de bois, je varlope, j’urine en copeaux baroques, le kitsch me guette, et c’est malsain. Loin, l’odeur de la glycine contre la grille detoute maison rêvée (le salon à peine visible dans l’ombre verdâtre), le corps, ses luttes, sesincapacités, ses cables.
Ma morphologie n’a rien d’un Jupitérien, mais les vrais et pires Martiens sont en face ; ils ont reconverti leur rage et la dissimulent en ignominies bureaucratiques de toutes sortescontre mes pauvres ébauches filmiques. Ils n’ont de bouche que pour baffrer. Ce sont leshyènes du métier. Résistances crânes et crasses.
On me frappe au début de mon chant.
Moi qui suis l’ami du gardien des Aveugles !Je ne suis vraiment pas diplomate. Encore que je me batte le moins souvent possible, en pensant à toi et à notre future petite.
Les Salles sont déçus. Et leur film, si tu pars ?“La bonté est la croix la plus malaisée à porter”, dit Jean. Il filme le balayeur qui ramas- se la pièce entre feuilles dans les rames de son balai, lors de l’enterrement. Mais il aurait toutautant aimé filmer les doigts de Jackie Kennedy.
L’ivrogne qui traverse le cimetière pisse contre les croix.
Après le cimetière nous avons vu Marie-Louise et son mari. L’après-midi nous sommes allés chez Marie-José Grumeau au Saint-Puy mais nous n’avons trouvé qu’un domestique ;nous avons discuté un moment dehors et Jean a fait quelques plans de lui.
Choix entre le bruit des feuilles qui se redressent après soi, ou des premières gouttes de Puis chez Mr Bordes à Fleurance où nous n’avons vu que sa femme, parce qu’il était cou- Le soir Jean me quitte et Bielle ne nous rejoint pas au château. Je n’ai pas encore parlé de notre projet de départ à Papa et Grand-Mère qui sont à Douazan ; je vais sans douteattendre.
Je ne leur ai même pas dit ce qu’il faisait.
L’écriture me transporte là où je n’ai pas mal.
Jean regrette que Nany doive déja partir en Andalousie et nous précède avant que ce film- ci soit fini ; le tournage était si bien prévu ! Il faut l’avancer au maximum, surtout queNicolaï va lui aussi partir et le rejoindre bientôt.
Il ne comprend même pas que Nany ait obtenu le contact aussi vite.
Maman a reçu un mot de l’Académie sur les absences et la discipline.
Dufond est venu me parler de ça l’autre jour en loge.
J’attends toujours tes textes pour préparer le montage des voix.
“Il faut des sujets qui ont de la viande !” dit Jean.
Tournage des plans “Maldoror-Montevideo-Mallarmé”, “Les Divagations” et “Plumes Nany n’a pour ainsi dire pas parlé de toute la journée, sauf pour donner les indications Nous travaillons ce soir au titre et aux accessoires, parmi un décombre de paperasses et Nany me porte une brassée de muguet.
Retrouvons Jean à la terrasse du “Soleil Levant”. Nous prenons des cafés et nous allons Rien n’est plus long à voyager que l’inspiration.
Nous tournons les deux scènes et nous nous rendons compte avec horreur qu’il n’y a plus En rentrant nous travaillons au titre avec du drawing-gum.
Nany me téléphone me demandant d’aller chercher rue Judaïque la pellicule pour demain. J’y pars en bus et repasse à pieds chez Jean pour leur donner.
Travaillons encore au film le soir et la nuit jusqu’à quatre heures pour faire les intertitres.
Le matin nous allons tourner à Floirac, puis l’après-midi nous cherchons longtemps autour de la Gare une enfilade de rues pour un panoramique filé. Le projecteur suivait lepersonnage sur le pont (presque en 360°) ou à l’extérieur dans les ruelles.
Dufond erre avec nous. Nany l’accompagne au dispensaire ; il craint une rechute.
Puis nous sommes à la brasserie vers sept heures et demie et le soir au “Victoria” pour “Les Gauloises Bleues”. Nous rentrons à pieds jusqu’au Jardin Public.
Nany m’a porté encore du muguet !Vers onze heures et demie nous partons tourner le signe sur le mur, puis le peintre à son chevalet de l’autre côté de la Gare. Puis de nouveau le passage Sarget. Il fait beau. Enfinquelques plans pour finir à l’Atelier. Nous n’avons pas encore reçu la dernière bobine déve-loppée.
Il est en pantalon de smoking noir, manteau et veste de brocard noir pour fêter la victoi- re du “non” au référendum. Moi j’ai mis un fourreau de voile noir sur fond de satin, un cor-sage brodé de perles ; je tiens à la main une bible blanche et l’énorme bouquet de muguetde Nany pour le Premier Mai.
Il a vu hier soir avec Jean la très bonne pellicule. Je prépare sa boîte de peintures pour Cádiz. Allons chez Jean qui fait le bout à bout des bobines et qui projette et qui parle dudépart de Nany, de son importance, avec l’ébauche du film.
Je pleure un peu mais me retiens beaucoup.
En gravure puis à la Gare pour les prix et les horaires des trains ; la fille qui l’a amené la dernière fois ne repart pas, et il n’a pas envie de monter avec le frère de Walter H.
À l’Atelier il pleure énormément contre moi. Nous nous allongeons. Il est absolument sans plus aucune force. Vers onze heures il trie les derniers textes et les dernières versions demes pièces avec “Jacques”, puis nous partons en taxi à la Gare. Il prend son billet et nousallons au “Soleil Levant”. Il fait froid. Espace des galaxies entre nous.
Demain matin écris-mois depuis “l’Arc-en-Ciel”.
À Minuit et quart il me raccompagne au bus et attend de me voir partir.
Je pleure.
Je rencontre un gars de l’Académie qui m’apprend que Bernard Cerda est mort d’un acci- Ton avion vient de passer au-dessus de l’arbuste qui porte le feu des roses, au-dessus du tombeau de Bernard Cerda, en banlieue de Toulouse où j’aimerais me trouver.
Michel est tombé en panne, avec sa nouvelle Dauphine (d’occasion), à la même heure.
Toutes mes photos des décors tirées par Mathias sont mauvaises. Celles de Nycéphore J’ai aussi un ticket de chez Esquire. Où est-ce ?Sur la grande carte j’ai vu le Guadalquivir, et le petit Puerto où tu te trouves.
Tu fais escale à Tanger et Malabata, me dis-tu. Combien de temps restes-tu au Maroc ? Nicolaï m’a dit que tu ferais en sorte d’éviter Ballot. Tu me diras que tu as toujours l’appuide la famille d’Adeline, à Casablanca.
Cliquetis de la machine à écrire tout en écoutant ta voix zen à la radio.
Le soir : Cocteau chez Nénette (“Le Sang d’un poète”). Bougie promenée dans la nuit Jean nous a projeté hier le film entièrement monté, sauf quelques détails à retravailler à la visionneuse. Il est très beau. Nany est surprenant dans son rôle de voyou-peintre à la truel-le. Très beau également le plan où on le voit filmer les graviers des ballasts avec la petitecaméra 9, 5mm, puis l’insert de ces images macroscopiques.
La carte signale le village de Puerto Santa-Maria près de l’Océan. Est-il vraiment tout Toutes nos photos de plateau portées chez Esquire et chez Mathias sont ratées. Par contre, le montage du film est fini. Combien de temps es-tu resté au Maroc ? Où as-tupassé la première nuit ? Jean a fait certains plans, en dehors des plongées courantes (dans le train, à la gare) où les personnages étaient éclairés en surplomb alors que la caméra cadrait de face. Nicolaï necomprenait pas ; il trouvait qu’on ne voyait pas assez le regard. Par contre Roll trouvait çatrès bien, proche de ses recherches de topologie.
Nycéphore m’a prêté son appareil pour photographier mes vitrines et tes maquettes de théatre. J’espère que ça sera meilleur que mes photographies de plateau ! N’oublie pas : Port-Royal-24-41. Et le rendez-vous avec Le Prince.
Ici, il y a eu plus modestement le match de foot Archis-Académie.
Mais surtout j’ai vu le “Bread and Puppet”! C’étaient d’immenses poupées de carton extraordinaires jouant des scènes bibliques, la création de l’homme et de la femme, la crucifixion, etc… La troupe a produit un énorme chahut dans la matinée soleilleuse de l’Intendance et sur les parterres de Gambetta, une fête ! Je regrette que tu n’aies vu ça : tu aurais dansé avec euxqui sont pour les rues et les places publiques ! Je suis passée chez Jean dimanche après-midi pour les aider à la reprise du film. J’avais vu Lydou la veille qui m’avait dit qu’ils cherchaient des figurants pour un immense projet ;uniquement des enfants ! Du 10 au 15 juin.
Personne ! J’ai laissé un mot et mon bouquet de désespoirs de poète.
Je n’ai reçu ni ton dessin de carte à grande échelle des puertos à Cádiz, ni la fleur blanche Par contre, j’ai bien reçu la fourmi rongeuse puis le papillon, et les autres relevés de ter- Jean envisage de faire un film sur la Croisade des Enfants, avec de grandes scènes dans le Dortoir, de magnifiques scènes de neige.
Mon sentiment alors sera proche Lioubov Andréevna ; ma concentration sera aussi ter- (D’autant qu’il a appris qu’un groupe de curés réacs cherche à organiser une Nouvelle Croisade Eucharistique des Enfants. Ils se réclament de Fatima et veulent mobiliser spiri-tuellement et corporellement les enfants pour obtenir, par leurs prières et leurs sacrifices desgrâces qui répondront aux besoins de la Sainte Église ! La devise est : “PRIE, OBÉIS, SACRIFIE-TOI, SOIS APÔTRE”Ils servent d’abord comme Page, puis Croisé, puis Chevalier et doivent subir des épreuves Les Enfants “de Jean”, eux, traverseront Meriadeck et les prostituées porteront clo- Pour les scènes d’eau sur la péniche de la Garonne, il ne voulait pas de trépied ; “il m’a obligé à tenir tout le temps la caméra à l’épaule”, m’a dit Nycéphore, avec l’espèce de bau-drier bizarre et oppressant qu’ils ont fabriqué.
“On a trouvé des angles que personne n’avait pris jusqu’à présent (“des angles d’Ange”).
Par exemple très près, dans la cabine, pour créer une intimité.
On refaisait rarement les scènes ; on travaillait à l’économie, mais aussi à l’éblouissement.
On maintenait la caméra au niveau de l’eau, le plus possible, et même dans l’eau ! D’autrefois, je suivais les déambulations de Jean sur le quai, ou sur le ponton, toujours Il avait des points de repère, mais s’il les ratait, on était obligés de refaire la scène depuis Le feu a pris dans les w. c. en bois des bâtiments américains des anciens combattants, sur les quais près de la péniche, face à la nouvelle salle de déco.
En pleine nuit Doudou et Julio ont aperçu des flammes, en revenant du cinéma ; ils ont Hélas, toutes nos belles machines ont brûlé ! Quasimadame te cherche à travers tous les couloirs : son bec de lièvre, son œil farouche et divergent, ses glapissements, miracle professionnel se produisant dans les escaliers avec lacourse affamée de la démence.
J’ai ramassé hier soir devant le portail un papillon blanc mort sous la pluie et ce matin : tapage à mon front ! Il était ressuscité ! Obligé de me lever pour lui réouvrir l’enchante-ment des brumes désintéressées du matin à travers les érables du jardin.
Vu Jean. Repoussons le tournage d’“Aube Matière” au 14. La visionneuse n’est pas enco- re disponible. Ils demandent tes textes et la nouvelle version du scénario.
Trois Anglaises ont débarqué sur le continent du tournage en mini-mini-très-mini-jupes ! Scandale des archis spectateurs ; il a fallu les cacher ! Préparatifs du CAFAS. On porte les grands panneaux en sculpture pour préparer les stands. L’après-midi on déblaie la salle de sculpture et on balaie. Le soir Aube lit le scéna-rio.
Jusqu’au 9 juin, travail aux stands. Courses daltoniennes pour trouver des agraphes à la papèterie rue Fondaudège sous la pluie, chez Torrente, orage tonnant, chez Ducousso coursde la Marne où ça verse à pleins seaux… La pluie ça plique, ça glisse, ça glace, ça glue. Ça rebondit irritablement, ça pue l’absti- nence néerlandaise, la honte de platitude.
Alors on sort, on tourne la rue, on ne peut allonger les bras, on prend le parapluie à la C’est la saison où voilà et voici chutent, et grêlent, et pluient. Tout cela, tout cela, cet Des milliers d’angles d’attaque, mais tous mous !On a beau lui hurler par insultes que ça suffit, qu’on a le cœur trop gros, que les godillots dégoulinent, qu’elle nous lasse : elle ne cesse, la salope de serpillère humide ! Le bord de lapluie s’insère sur le bord lui-même des gouttières de zinc, en feuillet.
C’est une entreprise de démoralisation généralisée, stupidité qui ne sert à rien, sans aucune fonction que d’embouer, d’emmerder, dans sa navrance.
Méprisable versant de mitraillage du Temps, ribaudequin de débile se croyant musicien.
Parmi les figurants il y a des têtes à gifles : deux filles et un gars.
L’autre, la comédienne, est à peu près convenable.
Jean est venu me chercher cet après-midi vers deux heures et demie. Nous avons tourné jusqu’à six heures et mis quelques scènes au point. Nous tournerons demain de nouveau.
Ils réclament tes lettres et des détails sur l’implantation, l’installation, le programme là- Certains portraits d’Enfants, dont celui d’Olivier, il a voulu que je les anamorphose, en Et cette scène du crépuscule, dans la magie de moins d’une demie-heure entre chien et loup, pleine de lumière, mais où le soleil n’est plus visible, avec une grande douceur ; lesEnfants, leur disparition à travers bois ; plus ils s’en allaient, plus on retenait l’hymnevibrant des rayons, plus on goûtait la gomme d’or et rosée.
Il s’inspirait aussi parfois de grandes photos, que Nycéphore allait nous chercher, dans les magazines, de flous étincelants, d’étendues, de simulacres joyeux.
L’affaire de la gérance et de la licence n’est toujours pas réglée malgré la venue de papa et maman qui ne cesse de m’en parler dans ses lettres. Ils doivent revenir aujourd’hui poursigner ça.
Il pleut à torrents vers six heures et demie jusqu’au soir et la nuit. Je prends des photos des décors de Nany toute la journée.
Ils arrivent dans les bourrasques vers huit heures et demie.
Revu une quincaillerie très belle qu’adore Nany loin, loin, dans le Cours de la Somme.
Les cousins Artaud du Bouscat déménagent définitivement. Je suis sortie seulement pour porter les photos des décors à développer et tirer à Nycéphore. Je continue la série desContes et travaille mes deux pièces pour Cádiz.
J’ai fait des tirages des gravures de Nany toute la journée : larves subtiles, topazes vert asperge, résidus Proustiens, siennes sourdes de chocolat.
La photographie est solitaire comme l’écriture ; même la photographie de plateau.
Mais grâce à Jean, le cinéma c’est une bande.
Il sait faire émerger de nous tous une expansion collective et collection de voix.
L’autre idée géniale, c’est le transfert d’énergie.
Nicolaï, j’ai reçu ta lettre ce matin. Reste tranquille : je t’aime. Enterre dans un trou de sable les sédatifs, l’Haldol, faible ou pas, l’Optalidon, le Nubarène et le Maxiton, et oublieles ! Sinon ce trou sera sous toi !Nicolaï, as-tu reçu la lettre de Jean.
Tu as vraiment tort de prendre tout cet alcool avec une chaleur de 42° et dans un cyclo- Cesse donc avec le Nembutal ! Ton état de torpeur ou de confusion, tes difficultés à mar- cher et les troubles de la vue au restaurant l’autre jour dont tu m’as parlé, viennent sûrementde là. Ne t’invente pas je ne sais quelle maladie grave histoire de prendre d’autres calmantspour dormir ! Je crains les attentes longues dans les gares noires de douleurs, la nuit, les Morts qui les Gribu part dans le Pacifique demain ; l’ai vu hier et lui ai confié un de tes émetteurs ; il t’envoie ses amitiés ; il suivra les consignes.
Dimanche il a fait très chaud. Dimanche et Lundi j’ai écouté les premières retransmis- sions de J. C. Radio depuis le cinéma d’Avignon qui contenaient en incrustations les élé-ments que tu lui a envoyés. Ainsi que ceux d’Afrique du Nord, de Saîd.
Nous travaillons dans la pièce en construction (volume) avec Jean et Nycéphore.
Avec les imbéciles d’ici je ne réussis guère à obtenir les bons horaires pour Irun puis Cádiz. Peux-tu m’envoyer cela, m’indiquer surtout les directs Madrid-Cádiz.
Dis-moi bien aussi de quelle gare de Madrid partent ces différents trains.
Je t’envoie cette fleur éclatée de soudure.
Ce soir je suis allée voir l’arrivée du Tour de France.
Surmenage ?Tu peux avancer !Par contre prends garde à Nicolaï : sa nouvelle crise paraît grave.
L’après-midi nous écoutons tous “Radio-Terre” Apollo 8 pour les premiers pas de l’Homme Jean était en transe. Il a dit que le Renversement était total !Pour un plan difficile ou deux des trajets d’enfants, il a fait un dessin ; sinon il avait déja L’hôtesse vient discuter avec nous. Nous avons acheté les moteurs pour les immenses mobiles du troisième décor (les moulins de Don Quichotte ?) Cafard, cafard, cafard ! Je pleure et je pense toujours à toi. Le film est arrêté… Délaissé jusqu’aux retrouvailles. Jean n’en pouvait plus tout seul… Ils ne peuvent pas réellement sepasser de toi ! Je dois les revoir mardi soir pour le résultat des premières bobines.
Jusqu’à maintenant, ils ont pris de petites vacances, parce que Jean était trop fatigué. Tout le monde semble être atteint à distance par la façon dont le cyclone de la dépression vous atouchés, Nicolaï puis toi.
La dépression est un Ogre. Devoirs infernaux. Batterie de rebonds de balles qui échap- pent à la chronophotographie ; esprit qui comme l’insecte - it Char - une fois la lampeéteinte gratte aux plinthes de la cuisine, bouscule le silence, triture les saletés, tandis que cafards, fourmis, souris, hyènes et chiens en profitent pour rappliquer.
Et une fois que le chien à mordu au caban, rien ne peut le faire lâcher, l’écume aux Gribu envoie une carte splendide du ciel bleu pâle, du lagon bleu pâle, de l’île verte dans la brume aux sommets rocheux, de la bordure d’huître vert vif, puis dorée et vert émeraudes’affranchissant à l’écume et au bleu outremer, à Bora-Bora.
Où dormirons-nous ?Réponds vite.
Dis-moi bien si le dimanche les trains sont “réguliers” en Espagne (vu que la semaine ils s’écorcobabalisent à ne pas l’être !).
J’ai bien reçu par radio ton message d’hommage aux Cosmonautes.
Grosse fièvre inexplicable ?Et ces douleurs inguinales, est-ce qu’il y a une infection ? Des ganglions ? Vois avec Margaríta plutôt qu’avec cet autre toubib quelconque. Surtout si tu es aussi épuisé que tudis, à ne pouvoir même te lever.
Je te sens désemparé.
J’écris encore et toujours et dans les cafés et dehors des Contes pour toi qui vont suivre nombreux ; pas eu le temps de les taper. Peut-être pour un “montage” là-bas.
Dois-je porter autre chose que le “Nagra” ? Textes oubliés, par exemple.
Je pense sans cesse à toi.
J’ai changé de l’argent en pesetas.
Puis le soleil brûle la frontière.
La petite fille de Roll est née : Isabelle ! Aussi nous sommes allés au Grand Pont dans la voiture de Roll : Nycéphore, Nathalie, Jean, Lydou et moi. Peur. Cafard. Il veut bien nousrejoindre et reprendre les séminaires de Maths et de Topologie, que tu lui a demandés. Maisil m’a dit que dans ce cas, il faudrait trouver d’autres cartes, plus précises.
Je suis heureuse !Hier on fêté mon anniversaire.
“Nunca fué desdichadoAmor que fué conocido.” J’ai fait un plan pour expliquer ce subtil changement total du monde dû aux Cosmonautes. On a reculé la poursuite, puis on a zoomé ; on a reculé de nouveau et on azoomé sur un autre angle derrière les Invétérables Marcheurs, et le monde en fond n’étaitplus le même ! Ce plan raconte l’histoire du monde.
On m’interpelle, on me parle de loin ; des voix courent sur la crête de ma pensée.
Je viens de m’apercevoir que mes dernières enveloppes ne précisaient pas BP 55. J’espère que tu auras tout de même reçu mes lettres… N’ai pu trouver ici que 33 bandes d’enregistrement pour ton magnéto. La Radio n’avait plus de réserve pour les vacances ; aucune commande récente de matériel n’a été faite. Etpour le modèle de poche, j’ira voir dans la boutique de Gambetta.
Je sais bien que c’est très difficile à trouver en Espagne. Mais j’essaierai d’en dénicher à Madrid si j’ai le temps entre deux trains. Entre mémoire et précipitation.
Je t’aime, je t’aime, je t’aime dans les trains, partout, toujours au-dessus de ma vie.
Les œuvres d’art exigent un droit spécial de passage à la frontière. Donc je planquerai les gravures au fond de la valise en faisant halte à l’Atelier. Elles risquent d’être confisquées. Jete porterai les textes Beat refrappés, les adresses, le Cummings et son texte sur Krazy Kat de1946, le “Nagra”, les bandes pour les deux appareils et les prises de son déja faites, les cal-culs précis de minutages.
Ça sera lourd !J’arriverai à Cádiz à 22h 59.
Départ de Bordeaux 18h 53 —> Madrid 8h 20. Puis nouveau départ à 14h 55.
Compte un peu plus tôt puisque je descends au Puerto.
Je t’enverrai un mot de chaque station.
Voici encore un trèfle à quatre feuilles en souvenir de faux marbres mobiles au plafond de la chambre et des chuintements de pneus des jours de pluie.
Pas de salle d’attente. Et le bar est réservé aux hommes.
Depuis Bordeaux debout dans le couloir coincée entre les tas de valises écorchées. Et à Venons de dépasser Burgos très froid. En 1ère (trop de canards et de poules et de chèvres en 2ème et leur odeur !) “Son palabras de aquella Tisbe tan decantada de los poetas…” Pris des livres théoriques à l’Atelier dont il a grand besoin là-bas ; surtout de construc- Irun 17h ; restau avec une française. Dans la nuit train pour Madrid ; nuit tranquille mais serrée dans le compartiment. À Madrid un Espagnol aimable l’aide à changer de gareen métro. Beaucoup de monde au guichet ; attrape le train de Puerto en courant ! Voyage toute la journée avec deux jeunes filles Espagnoles qui discutent avec moi.
Fait très chaud et suis fatiguée. Arrivée à Puerto à 9 heures et quart et retrouve Nany.
Allons manger dans un petit restau de la ville, tout de concinité. Rentrons au Camp en taxi.
Ne vois personne. Dors dans la chambre de Nany (“avec l’attraction plurielle des loups qui ont trop pris et craché de péchés !”).
Petit déjeuner au Camp. Nany me présente à… Puis chacun s’informe du travail à faire.
Nany et moi devons relier les îles océaniennes (Tahiti, Papetee, Bora Bora, Viti Levu, VanuaLevu, Taveuni et Kandavu, Ouvéa, Lifou et Maré) par radio, en profitant du contact deGribu, sous la direction de Garcia Medigo, mais en prenant garde en ce qui concernel’Archipel des Loyautés, plutôt parasité par d’autres puissances, à cause de la fréquentationdes baleiniers catholiques et des santaliers protestants. Allons acheter du cuivre pour bobi-nages, antennes et autres, à Puerto.
Soir promenade sur la plage (on plante des “tuteurs”, discrets).
Jerez. Installons une station dans les caves de Pedro Bustos Domecq, toujours en relation avec l’Oncle de Buenos-Aires. Il relit Spinoza, dans l’ombre fraîche et l’odeur vineuse dis-crètement acide du… L’après-midi à trois heures nous prenons le bateau pour Cádiz. Angoisse de Nany en fin Pendant que nous étions à Cádiz pour les fêtes de l’Assomption de la Vierge, dans la bousculade, une jeune fille s’est noyée dans la piscine sans que personne s’en rende compte.
Je continue à l’Usine entre huiles et pneus jusqu’à la fin du mois, et je repique les enre- Ces travaux d’automates me font perdre tout enthousiasme.
Depuis le début du mois Walter H. est entré aussi et c’est une joie pour moi de le voir agir avec toute la désinvolture dont il peut faire preuve.
Je vais donc me rendre au Maroc comme prévu après cela, et je récupèrerai ici bobinages Cela m’intéresse vraiment de ne prendre racine dans aucun endroit que ce soit.
La chaleur est de plus en plus lourde et tenace ; je ne dors plus et je ne mange plus, et lorsque j’arrive au Maroy, je me cache dans la fraîcheur des contrebas de la maison, au-des-sus de l’étang, tandis que voilà le camelot qui pédale à travers les champs labourés.
“On apprécie les frais d’une pelouse verte Je me souviens de ce que disait Nicolas à propos de cette amplitude sacrée de l’ellipse et de la condensation, comment “les dents” suffisait à convoquer le chiendent et le sous-enten-du du cément le désordre d’un terrain vague où sont sureaux, débris de béton et surtout lasplendeur de l’École Communale d’en face.
J’envie la jeunesse de Prométhée de Jean.
Nany part le matin pour aller accompagner “les Nouveaux Chercheurs” arrivés hier à Séville. Il s’arrache un ongle dans la portière du bus ; en rentrant il se fait saigner et je refaisle pansement.
Rencontre avec les Chercheurs dans les jardins de l’Alcazar. Ils “fouillent” les alentours de la Cathédrale, de la Giralda. Mangeons tous deux seuls dans un restau de la ville.
Travaux de repérage photo sur la plage, avec petit ensemble émetteur, assez loin du camp, seuls. Des gaz bizarres dans des trous du sol, en direction de Cádiz.
Course de chevaux sur la plage.
Le soir, première représentation de Mañara, à Puerto même, dans la nuit.
Nany m’accompagne. Il a oublié de descendre et se retrouve à Jerez.
Très violent mal de tête depuis Jerez. Thé au lait. Vite, vite, vite, vite ! Serveurs noirs de corbeaux, qui penchent et me regardent bizarrement, tordant le cou, penchant la tête.
Aspirine de + en +. Sinon je vais m’évanouir de douleur.
Le train pour Santander était déja en gare ; le mal de crâne persiste toujours, bœufs ruant des montagnes dans une tente de daim.
En me lavant les dents, le mal de tête disparaît !J’essaie le petit émetteur.
Je n’aperçois pas le haut des montagnes à cause du brouillard.
Nuages. Routes mouillées. Messages brouillés dans le poste.
Le train de Puerto à Cádiz était une charrette sans roues ; celui-ci est meilleur pour les tachycardiaques, sans les amibes inter-galactiques des troubles lumineux.
Tunnels très nombreux. Mauvais temps.
Immenses pelouses vertes où les arbres sont lancés à toute vitesse, comme des flèches ! Des masques scintillent ; des animaux surgissent sans bruit, gonflent rapides et redisparais-sent aussitôt comme des puces.
Vois toi-même les secousses ! Elles se mélangent aux brouillages radio.
Ton message précisait : “Six nouvelles bandes + une vingtaine de piles.”Le texte reçu était : “Il me demande encore cinq semaines éloignées…” J’ai perdu le reste, au milieu de la Day-Glo et des résidus de bandes magnétiques à la mode Prankster.
À Laredo, affreusement laid : froid, pluie, brouillard. Cette partie de l’Espagne pourrait être une colonie britannique ! Avec un hall de débardeurs hip et une troupe de mimes loca-le qui puisse proposer un super-test, elle pourrait à peine s’en sortir.
J’adore le coffret des vins de Jerez.
J’ai mis la mantille blanche, cette broderie magique. Il faudra voir aussi cette amie Gitane N’oublie pas :- télégramme, puis émission Envoie l’adresse du Lycée de Bergerac sur les ondes, pour Jean. Il ne fait pas plus de 10° dehors, je suis gelée. L’esprit de long en large passe, face à la baie.
Il fait très froid sur la plage. Nous allons voir les gens du Pénitencier. Je me baigne à peine. Puis nous allons voir la fête des fleurs à Laredo, mouvements et feux de valeurs ori-ginales.
Notre photo à Séville.
Émission “I depuis”.
Toujours pluie. Allons prendre un café en ville avec le gardien du Pénitencier de Santoña.
Temps r’froid et r’gris. Boîte à sous grigri avec rat et boîte d’allumettes avec souris dispa-
raissant à travers le sou troué en O, trouvés ici, au marché.
Les ouvriers viennent installer les tuyauteries dans tout le transversal de l’immeuble ; je les laisse faire. Il pleut. Je ne sors pas.
L’après-midi nous allons à Ampuero chercher des peaux qui résonnent bien et de la grais- se de baleine pour la suite du travail (nous avons les plots, les batteries et le cuivre).
À Valle nous trouvons un marchand de graisse, mais il n’est pas tanneur. Rentrons. Arrêt Levée tard. Il fait un peu soleil. Épaves heureuses avec poèmes au magnéto.
Je saute jusqu’à toi en fermant les yeux, lors de l’émission.
Te joins le “télégramme poétique”.
Te souviens-tu du prix exact de la nappe brodée achetée à Séville (200 ou 400 pstas ?) Demande à Chantal, “l’autruche sous le réverbère”.
Nous avons enregistré la population et les animaux de la ferme de montagne à Valle, minuscule village de bergers, comme prévu. Et les alentours aussi. 100% La piste semblait bonne ; mais elle s’est avérée creuse.
Irons jusqu’à Santander.
Il pleut du matin au soir, en sus de ce froid humide. Jamais personne sur la plage. Il fau- Ce soir dernière nuit passée avec toi voilà une semaine. 10% À Santander nouvelles courses “techniques” toute la matinée. Nous mangeons dans un Nous trouvons du veau mort-né.
À sept heures il pleut à torrents !Gloutonnerie de souvenir du nid mouillé et de la cheminée de l’Hôpital de la pelouse de Autres peaux. Temps gris. Bilbao. Marché d’Elgobar. Où j’ai donné mon corps tu peux P. S. La carte représente l’Arco de la Blanca. Le code est en bas à droite (sous Reçu des messages de tous : Sancho, ……, Margaríta, Yann, Fernando, Adeline, Joëlle, Pepito, Pedro, “Le Gitan”, Manolo et Manolito, le chauffeur du mini-bus Wolswagen.
J’aide et repasse pour le mariage de Marie-José Manon (étoffe minimale de la vie quoti- dienne, tension extrème de la métaphore). Jean viendra la filmer. Nous allons à la messe,puis à l’apéritif. Le soir Annie et André Mezzer viennent me chercher pour la soirée dumariage à Castéra-Verduzan. Ma tête sillonne dans les rousseurs. Tous les jeunes du Massont là, ainsi que Mr Estève, mais Jean est reparti. Il m’a raconté son projet de scénario de“Sosie”. En réalité la femme ne s’aperçoit que son mari a été changé ni dans les conversa-tions courantes, ni dans les gestes habituels de la vie de proximité, ni dans les coïncidencesd’anniversaires à propos desquels il a tout appris, ni même dans les actes amoureux, maisseulement lorsqu’il se met à être bon ; cela était totalement impossible ! J’y reste jusqu’à deux heures passées, puis ils viennent tous manger une soupe au froma- ge au Château. Couchée à quatre heures et quart.
Levée à neuf heures et demie. Messe.
L’après-midi je range les placards de ma chambre. Écris à Aube à Laredo.
Demain matin l’École Primaire reprend.
Au début du repas de midi, Papa a soudain un malaise. Affolée, avec Grand-Mère nous faisons prévenir le docteur et le faisons coucher.
Rien d’anormal, pourtant, d’après le docteur. Il se lève dans l’après-midi.
Avertis, Bielle et les voisins viennent prendre de ses nouvelles dans la soirée.
Je joins à ma lettre les anciens devoirs d’Espagnol de mon frère. Certains m’ont frappée à cause de la violence des animaux dessinés.
Envoie vite le nouveau code comme le bleu sur l’épaule de Nath Storm près de la Maison Papa mange chez le métayer du Sud, au Broustet, car il travaille avec Fanton à tirer le miel. Il visite les fermes de l’Est demain, l’Ouest après-demain, et le Nord en suivant.
Il pleut. Nicolaï soigné par Margaríta toute la journée comme hier. Les crises nerveuses On a reçu un message des paysans pyrénéens dénicheurs d’œufs de pie.
Après-midi avec Bielle et Grand-Mère nous allons à Fleurance en voiture où nous trou- vons Ninou, Guy, Brigitte et Freddy qui doit rentrer en 6ème au Lycée d’Auch à six heures.
Nous goûtons tous. Il me demande conseil. Puis ils partent.
Je vais à l’épicerie pour préparer avec la vieille épicière le cadre pour le tournage prévu.
Le soir, très bon film d’Antonioni : “Le Cri”.
Vendredi soir il y avait aussi une très bonne adaptation de “L’Éternel Mari”. J’en avais Tous les soirs à cinq heures dix la mère d’Aube, l’Institutrice, quitte son École et passe Pendant que je crochète, Agnès, Ritou, Bernard et Monique qui étaient au basket vien- nent me voir pour que je leur parle de Jean et du grand film qu’il veut faire. Ils partent tou-jours exaltés ! Je t’envoie le catalogue caméras dont tu dois avoir besoin. Je cherche en même temps un bouquin explicatif sur toutes les méthodes d’animation, pour Aube.
Vu Lydou sans Jean cet après-midi. Sans grand enthousiasme ; il se peut que nous ne Jean ne réapparaît toujours pas ; parti avec la caméra, il devait revenir aujourd’hui à deux Pas vu. Et Nycéphore me manque, parti avec lui.
Par contre, nous pensons exploiter la mauvaise bobine d’“Aube Matière”, avec la pellicu- Je ne pourrai les voir dimanche ; ils seront encore à Bergerac chez Roll. Mais je les ver- rai jeudi ou peut-être avant. Ils doivent aller rendre visite à Pierre Caze, cet archiviste foude Bergerac qui prétend que Jeanne, l’amie du gitan, n’est pas morte.
Lu le début de l’Opéra : très très très bien !Peut-être quelques détails dans les costumes à revoir, ou plutôt à préciser.
Fait très froid. Il neige à Périgueux et Arcachon. Bientôt ici aussi. - 5° la nuit dernière à Est-ce que la panne d’électricité a interrompu l’émission ?J’ai eu des problèmes pour changer la bande du Revox ; il n’en restait qu’une taille et pas Pense au “Journal Idiot” ; c’est une très bonne idée. J’ai encore préparé toute une nouvel- le série d’enchaînements que Nycéphore va photographier. Mais j’ai les mains gagnées degerçures, crevassées et en sang par endroits, avec des écailles qui se soulèvent, durcies. Je melézarde ! Depuis ton départ, je saigne souvent du nez : changement brusque de température, émo- Le Soir.
Entendu une émission du “Fétiche” sur “L’Homme aux trous”.
J’ai savoureusement oublié de laisser l’argent des loyers de stationnement en retard de “La Roulotte” dans l’enveloppe déposée chez le propriétaire. La lettre (signée de ton nom !),mais point de billets francs.
Demande au Prince ce qu’il souhaite vraiment, puisque Nany n’a pu l’éclaircir ; moi je De toutes façons je ne pourrai aller à Dijon avec toi pour cette mise en scène, tu le sais bien, avec seulement 150 frs pour finir décembre ! Ton histoire de “distorsion de la vue” m’a beaucoup inquiétée…Fais gaffe aux fuites de gaz ! Un toubib m’a dit ici que ça pourrait venir d’une intoxica- tion de ce genre. Vérifie (sans allumettes !) avec de l’eau savonneuse.
Je tousse en t’écrivant. Il faut vérifier la bouteille tous les deux jours ou à peine plus.
J’ai laissé des tickets d’autobus pour ton retour. Mais je pense qu’il n’y a pas de chauffa- ge non plus à “La Roulotte” : CRRRREEEE ! As-tu régulièrement ton courrier, maintenant, au Chemin Vert ? Sinon, pense à bar- bouiller le facteur dans sa complémentaire rouge. Pas vu de neige, mais des plaques de glace,par les nuits à moins cinq, dans Bordeaux.
Plus ça va et plus je marche à pieds en revenant de mon cours aux Arts Appliqués, tou- jours pour la richesse du “corps de Noire” (du cordonnier, qui est africain) et la pauvreté desautobus. La trotte réchauffe, sauf le nez et les mains ! Tes grosses bottes dites “sur mesure”(hem !) seraient à allonger plutôt qu’à élargir. Peut-être pas possible. Dans ce cas, le mieuxserait de les découdre sur un côté ; ça fera opérette ; à part ça, je trouve que le travail est bienfait.
Soir 9h.
J’ai fini par payer le stationnement de octobre et novembre. J’ai rencontré le frangin doc- teur étudiant de la propriétaire, qui a passé son temps à me raconter les exploits extraordi-naires de danse et de cirque de son petit chat.
Je tacherai de voler une casserole ici ou là ; j’ai cru en voir une Cours de la Marne, mais c’était une fausse en carton, en trompe-l’œil ! Sans doute pour éviter qu’on s’en serve àcontre-usage. Pour la poêle, achète-la à Paris, sinon nous la prendrons ici à ton retourpuisque tu es à court. De toutes façons, Nany a dit qu’on allait bientôt recevoir un gros man-dat “préalable” de Buenos-Aires.
Les œufs dans une casserole ! Durs, à la coque ou pochés.
Tu emporteras aussi les assiettes creuses de bois de La Fusterie et la couverture noire rayée de blanc ; je pourrai bien en voler d’autres à La Noma.
Dire que tu dois prendre ton potage dans un bol et que tout mijote et barbouille dans la Nous allons voir “More” au Midi. Film sur la drogue, mièvre.
Grande discussion sur “l’éthique du script” ; désaccords entre nous. C’est Nathalie qui a repris cette tâche depuis que Aube est partie.
Très cher Jean,Nous n’aurons plus rien de mon côté. Je t’adore, mais nous sommes absolument seuls.
Ne m’en veux pas, je t’en supplie, je t’aime.
Je ne pourrai plus revenir ici si j’accepte ce départ avec toi.
Je pleure maintenant, je ne sais plus que faire, je ne peux même plus parler, et toute bêti- Serons-nous capables de nous soutenir moralement ? Et pécunièrement. Surtout dans les cas graves, imprévisibles, avec tes risques de rechute, ou autres… Nous aimons tous beaucoup tes films, mais auront-ils assez de succès ? Est-ce que ce que nous faisons conviendra au projet de Buenos-Aires ? Ils s’entêtent à nous séparer toujours davantage. Ne pleure surtout pas, reste calme, ne bouge pas. L’inverse irait contre nous, tu le sais.
Pense à ce dossier de film pour Paris, plus important encore que nous ne l’aurions cru.
Pardonne ces pleurs dans la nuit de Noël. Je pense à la petite fille brune de l’an dernier.
La meilleure solution est le mariage, puisque tu acceptes avec moi. Renseigne-toi tout de suite, quant aux formalités. Et nous nous marierons au plus tôt. Sur notre péniche ; et de lànous gagnerons le Château par les canaux.
Je n’ai plus d’autre force que celle de te garder. Ne me quitte surtout pas. Ils s’acharnent à nous séparer encore ; je ne trouve que le courage de t’aimer davantage.
Il nous faudra vivre, pourtant.
Nous gagnerons ensemble.
Écris vite pour me coucher et surtout me rassurer.

Source: http://onuma-nemon.net/files/259.pdf

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