– Allez Edison, c’est l’heure ! Et pas de blagues cette fois,
si tu mords encore les fesses de monsieur Pois pendant le
cours, plus de Questions pour un Champion pendant un
Edison partit se cacher sous le bureau de son maître
avant même que celui-ci ait terminé sa phrase. Edison
adorait la télé en général, et Julien Lepers en particulier.
Fait rare chez un chien, certes, mais allez savoir pourquoi,
la fascination du labrador pour le jeu culte résidait
d’après les observations de son maître Adrien dans le
regard hypnotique de son présentateur. Alors, le priver
de son émission, c’était comme enlever la vue à un chien
d’aveugle. Depuis que l’inspecteur Larchet avait entrepris
le dressage de son fidèle cabot, Edison affichait la mine
apathique, la paupière lourde et le geignement plaintif
du chien battu sous-alimenté. C’était pour son bien,
pourtant, toute cette comédie ! Son chef avait posé à
Adrien un ultimatum trois semaines auparavant :
– Ou vous dressez votre chien, ou il ne franchit plus
l’enceinte du commissariat, sinon je me charge de l’envoyer
valdinguer à la SPA à coups de pieds dans le cul !
Il était furax, ce jour-là, le divisionnaire Mourenx. Et pour
cause. Edison avait déboulé dans la salle d’interrogatoire
pour poser affectueusement son museau sur les genoux
d’un gardé à vue, ruinant ainsi en une seconde cinq heures
passées à créer une tension propice à d’éventuels aveux.
– Si encore il avait l’air belliqueux, il pourrait servir à
quelque chose ! Alors je vous préviens, c’est la dernière
fois que je vous préviens – le chef avait tendance à se
répéter dès qu’il s’énervait – je vous donne un mois pour
me le transformer en rottweiler renifleur de coke ou en
chihuahua shooté au prozac, c’est vous qui voyez !
Adrien avait opté pour la deuxième solution, histoire
qu’Edison se fasse un peu oublier, mais les leçons de
dressage s’avéraient un véritable désastre. D’ordinaire doux,
il montrait les dents à chaque exercice et s’en était même
pris au postérieur – certes rebondi – d’un autre client,
monsieur Pois, venu pour dresser son roquet, un caniche
nain abricot au poil touffu, la terreur de son quartier.
Je devrais peut-être opter pour le renifleur de coke, se
dit Adrien en traînant derrière lui un boulet canin qui
s’appliquait à se faire aussi lourd qu’un bœuf.
Les mains vissées sur la taille et le dos légèrement
cambré, Églantine se regarda dans la psyché, hésitante.
Elle voulait être sûre de bien démarrer la semaine à
Natural Beauty. Après tout, si l’apparence ne faisait pas
tout, elle avait tout de même permis à Monica Lewinsky
de rentrer à la Maison Blanche, ne fût-ce que pour un
temps. Son choix se porta finalement sur un petit tailleur
en tweed Max Mara qu’elle avait trouvé dans Elle, sobre et
si peu guindé. Claire Chazal avait le même d’ailleurs, et si
son modèle journalistique faisait frémir tous les quadras
dans leurs caleçons, l’enveloppe devait bien y être pour
quelque chose. Du coup, Églantine avait foncé illico à la
boutique et était revenue triomphante se planter devant
son mari, qui n’avait pas manqué d’émettre un avis pointu
sur la énième tenue qui contribuait à la ruine de leur
ménage ubuesque en l’apostrophant d’un «T’as pas fini
de me cacher la télé ! ». Il avait ce don inné, Jean, pour
déclencher chez sa femme une logorrhée où se mêlaient
– Encore en train de reluquer je ne sais quelle
Églantine n’avait même pas pris la peine de jeter un
œil sur l’écran. Elle se ravisa lorsqu’elle entendit la voix
rauque et enveloppante du présentateur de Sept à Huit.
– Ah, d’accord! Toutes mes excuses ! Je ne savais pas que
tu donnais maintenant dans l’éphèbe couleur d’ébène !
C’est vrai que je t’imagine bien en Priscilla Folle du Désert
courant après Harry Roselmack ! Droit au but !
– Excuse-moi, mais quand on se figure que le G8 est un
détartrant ménager, on retourne jouer à Barbie au pays
Jean aimait mettre en relief l’inconsistance de sa femme
par des tournures impersonnelles agrémentées de figures
poétiques. Dire qu’il y a vingt ans, il avait bien dû lui
trouver quelque chose, il avait oublié quoi, mais c’était
sûr, il n’avait pas pu dire oui comme ça. À bien y réfléchir,
il se souvenait d’une jeune fille un peu évaporée, certes,
mais si timide, si douce, c’est ça qui l’avait fait plonger.
Et voilà qu’aujourd’hui il coulait à pic dans un océan où
les faux ongles et les talons aiguilles dictaient leur loi.
Au fond de lui, Jean devait cependant reconnaître, à la
décharge d’Églantine, que deux choses avaient contribué
à la dérive paris-hiltonnienne de sa moitié : un mariage
trop jeune pour commencer, à vingt ans, alors que ni
l’un ni l’autre ne pouvait revendiquer une quelconque
expérience sentimentale. Églantine était la jolie naïve
aux allures de gentille belle des champs qui fleurait bon
la campagne, lui le brave type un peu couillon dont les
copains se moquaient pour son côté fleur bleue, tout ça
parce qu’il avait versé une larme devant la retransmission
du mariage de Lady Di. Mais surtout il y avait eu l’annonce
brutale, quelques années après leur mariage, de la stérilité
d’Églantine, le coup de massue dont ni lui ni elle ne s’étaient
remis et qui demeurait un tabou. Ils n’en parlaient jamais,
sauf pour se jeter de lamentables reproches au visage. Si
bien qu’aujourd’hui, s’ils vivaient encore ensemble, c’était
seulement pour masquer un gouffre d’angoisse qu’ils ne
se sentaient pas la force d’affronter seuls.
– Puisque c’est ça, je vais faire un tour. Tu as des restes
La fille spirituelle de Pierre Richard et de Nelly Oleson.
Rien que ce matin, sur le chemin du travail, Jeanne-Marie
avait perdu une lentille en manquant de s’étaler de tout
son long après avoir astucieusement évité un splendide
cadeau canin qui trônait mollement au milieu du trottoir,
couru sous la pluie après un bus qui, bondé, ne se serait
de toute façon pas arrêté, et avait achevé ce brillant début
de journée en gratifiant l’hôtesse d’accueil de Natural Beauty d’un « Fiouh, les femmes de ménage ne sont pas
passées ce matin ? » histoire de lui signifier son aversion
pour son nouveau parfum. Jeanne-Marie travaillait
depuis maintenant deux ans pour cette valeur montante
de la cosmétique bio qui misait sur le créneau porteur
des produits naturels pour inciter la ménagère moderne à
jeter au panier ses produits bourrés de parabènes à grand
renfort de rapports médicaux alarmants. Elle passait
ainsi ses journées à tester des produits en passe d’être
commercialisés sur des volontaires soucieux d’arrondir
– Votre rimmel a complètement coulé, ma parole, vous
avez le chic pour faire fuir le chaland !
Églantine, plus confiante que jamais dans son nouveau
tailleur Max Mara, n’avait pas pu s’en empêcher. Elle
s’était tellement vite habituée aux sarcasmes de Jeanne-
Marie qu’elle prenait désormais systématiquement les
devants. Elle avait ainsi l’impression d’avoir toujours un
coup d’avance. Jeanne-Marie, de son côté, n’en revenait
toujours pas d’avoir trouvé adversaire à sa taille. Elle leva
– Mais dîtes-moi, vous avez avalé un dictionnaire ce
matin ! Attention à ne pas vous étrangler avec des mots
Puis faisant mine de partir, elle se retourna brusquement
– Au fait, vous n’auriez pas un peu grossi ces derniers
temps ? Ou alors c’est votre nouveau tailleur qui vous
Mise en orbite. La journée pouvait commencer.
À trente ans bien sonnés, Jeanne-Marie revendiquait
fièrement une maturité qui lui évitait les histoires
sentimentales foireuses. Qui lui évitait les histoires
sentimentales tout court d’ailleurs. Mais si quiconque
s’avisait de la comparer à une Bridget Jones à la française
– en particulier Églantine – elle entrait alors dans une
rage terrible qui laissait transparaître un peu du fiel qu’elle
était capable de déverser lorsque l’envie lui prenait de se
défouler, souvent en réalité. Non, elle était heureuse d’être
seule, et à ses détracteurs moqueurs, elle répondait :
– Je préfère être une Tatie Danielle grimaçante, qu’une
Le côté aigri et acariâtre de sa personnalité, elle le
devait à une expérience de couple qui s’était soldée par
la désertion, un beau matin, de l’être aimé, juste après les
croissants, exactement comme dans un mauvais film de
série B, quand le gentil gars au-dessus de tout soupçon se
lève en buvant sa dernière gorgée de café au lait, déclare
en esquissant un léger sourire : « je descends acheter mes
cigarettes », et ne revient plus jamais. Ni plus, ni moins.
Surg Endosc (2005) 19: 1082–1085DOI: 10.1007/s00464-004-2170-yÓ Springer Science+Business Media, Inc. 2005A prospective study of ambulatory laparoscopic cholecystectomyP. K. Jain, J. D. Hayden, P.C. Sedman, C. M. S. Royston, C. J. OÕBoyleDivision of Upper Gastrointestinal and Minimally Invasive Surgery, Hull Royal Infirmary, Anlaby Road, Hull HU3 2JZ, United KingdomReceived: 7 July 200
MEDECIN EPIDEMIOLOGISTE, BIOSTATISTICIEN PHARMACO-EPIDEMIOLOGISTE, 25 ANS D'EXPERIENCE PROFESSIONNELLE PRATIQUE PROFESSIONNELLE Dépuis 2003: Gérant majoritaire de la société ARCOSA: conseil sur toutes les activités post-AMM (réflexion stratégique, protocole, questionnaire d'étude, soutien discussion des projets auprès de l'administration, aide méthodologique